A la fin de mon compte-rendu aoûtien, je me m'interrogeais « septembre sera-t-il gingembre ? » … Gingembre, qui sait, mais un tantinet piquant, oui, assurément.
Tout est relatif, et réciproquement, et rendons aux choses leur importance toute … relative. Quand je dis piquant, je pense plutôt râlant. Je m'explique … Les billets de la série intitulée #miscelleanees# sont écrits au presque jour le jour dans une application bien sympathique appelée Blogsy. Cette application a même la délicatesse de conserver dans son historique les versions successives du billet. Hélas le numérique reste le numérique … une poignée d'électrons généralement dociles, des atomes figés dans la configuration voulue … jusqu'à ce que … pfuuuittt … la configuration devienne évanescente et votre billet si sympa disparaisse à tout jamais. Pas la peine de chercher une cause, une raison … quand c'est trop tard, c'est trop tard (et si le cloud … mais fallait y penser … avant). Et il ne reste qu'à pleurer sur le bel historique si réconfortant, lui aussi disparu.
Donc, au moment de vouloir mettre en ligne le billet de septembre, je constate … qu'il a disparu. Et pas la peine de compter sur ma mémoire, elle aussi assez évanescente, pour reconstruire fidèlement le billet.
Essayons quand même …
La station de métro Lille-Europe est impressionnante avec sa maxi fresque de Jean Pattou. Impressionnante, assurément. Photogénique, itou. L'occasion d'un billet pola au carré mais pas que …
{Polaroid SLR680 / Film TIP BW600 2.0}
Une sortie bruxelloise, rue de Namur, récemment « illustrée » par quelques artistes urbains. D'humeur plus que guillerette – était-ce ce beau soleil de fin d'été ? ou un balayage visuel inadéquat et insuffisant ? – je rate Spear et Locatelli (oui, quand je me plante c'est grandiose). Pour une prochaine fois, peut-être ?
En attendant une vitrine illustrée par Nean du collectif Propaganza …
{Polaroid SX70 Alpha / Film TIP SX70 Color}
… ou ce pola vs hipsta, un très vieux collage d'Ella et Pitr, résistant mais plus pour longtemps …
… et sur le chemin des marolles, l'ascenseur de la place Poelart …
… direction, centre ville et un spécimen de la ménagerie de Roa …
{Polaroid SLR680 / Film TIP BW600 2.0}
Le 13 septembre, je me risque à passer le HSK 1, certificat international de connaissance du chinois … Je tairais ici le nombre d'années de préparation pour en arriver là, mais ce coup-ci, direction le Confucius Institute (孔子学院) de Bruges … résultats dans un mois, annoncent-ils.
Impossible Project sort un film en édition limitée, du duochrome noir et jaune, le Yellow 600. Même si je ne suis pas trop friand des artifices de bordure ou d'émulsion, je me dois (pola-addict, je suis) de le tester. Le livreur UPS à peine reparti …. klikkkbzouinnnngggggg … sur un n'importe quoi d'improvisé dans ma hâte créatrice 😉 et voilà ce que ça donne …
… ou ça en mode zen …
{Polaroid SLR680 / Film TIP Yellow 600}
Et en extérieur ? Au parc de Bongnie à Tournai (une bien belle appellation pour un terrain assez vague, aussi peu respecté par les riverains que par les graffeurs) …
{Polaroid SLR680 / Film TIP Yellow 600}
… pas toujours clean les artistes urbains …
{Polaroid SX70 Alpha / Film TIP SX70 Color}
Qu'ai-je oublié ? L'essentiel. Quant au reste, fraîchement extrait de ma mémoire encore vive il est sous vos yeux. Et pourtant un horrible sentiment m'étreint. Oui, j'ai oublié quelque chose … mais quoi ? Et je repense à cet épisode de la série anglaise Black Mirror où une puce se trouve implantée derrière l'oreille et qui permet de retrouver et se repasser les événements vécus jusqu'à ce que … Oui, le futur pourra être horrible ou ne sera pas …
Août était doux, septembre gingembre et pluvieux. Que sera octobre ?
Mon œil de péripatéticien, au sens grec (περιπατητικός, « qui aime se promener en discutant … ou pas, le silence ne serait-il pas d'or ? On peut aussi faire des polas») s'entend, se trouve très/trop/presqu'exclusivement attiré par les traces laissées par les artistes urbains. Souvent ces rayons de soleil sur la ville trop souvent morne, sont obligés de faire (bon) ménage avec la signalisation urbaine … poésie et rigueur, sensibilité et froideur, liberté et obligation, …
Y-a-t'il de quoi entamer une série polaroidesque ? Peut-être … Okay, allons-y.
Pour débuter … A Bruxelles, l'enfant assis de Jef Aérosol, et défense de stationner … est-ce cela l'Europe de Cocagne rêvée ?
{Polaroid SX70 Alpha / Film TIP SX70 Color}
En 1972, Graham Nash et David Crosby parlaient de l'immigration dans Immigration Man. Ils ont vieilli (moi aussi) mais le problème, lui, est plus aigu que jamais …
Nouvelle série limitée d'Impossible Project … le film duochrome Yellow 600 … Why not ?
Impossible Project a besoin du buzz pour survivre, vivre, croître et plus (comme illuminer d'un sourire béat le visage d'un pola-addict lambda). Régulièrement des séries spéciales sortent des machines d'Enschede aux Pays-Bas allant du cadre façon peau de serpent ou flower power Laura Ashley à la chimie plus qu'improbable des cyanotypes ou autres magenta monochrome . Moi, un cadre blanc et une chimie prévisible (pas trop) me suffisent … mais je ne suis pas un artiste 😉
D'un côté, de réels progrès techniques comme la récente génération de films noir et blanc et, très probablement, les films couleur 2.0, de l'autre côté un peu de paillettes, de gadget, de people … l'un alimentant l'autre et réciproquement.
Le nouveau film duochromeYellow 600 (bordure noire) synthétise cette dualité : remplacer le blanc des très bons films BW600 2.0 par du jaune, créer un partenariat avec un people-artiste plutôt 3.0 ;-), Jack White et sa maison d'édition de Nashville, Third Man Record, limiter la production (10.000 packs, ai-je lu quelque part) et … ça roule. Ajoutons un petit slogan tout aussi accrocheur
Your Turntable's Not Dead. Neither is your Polaroid Camera. (Third Man Records)
Ou encore …
« Photography using mechanical means is a beautiful art form. Digital pictures are very portable and easy to make happen, but you can’t hold the photo in your hand, or put it in a family album. There’s a romantic feeling of pulling a photograph out of a polaroid camera, holding it your hands and showing it to others. It can’t be replaced or replicated.” — Jack White (Impossible Project)
Et le film ? C'est bien du duochrome, noir et jaune, fortement contrasté (comme les nouveaux BW), bien net, ISO 600 (dans un SX70, il faudra prévoir le filtre ND), à développement rapide (quelques minutes), sans protection nécessaire à l'éjection (la frog tongue sur mon SLR680 ne peut lui faire du tort), un peu plus cher (21€ au lieu de 20€ pour un film « normal » sur le webshop d'Impossible) …
Et les photos ? Tout est question de feeling … à vous de voir … Mamy soufflant son gateau d'anniversaire, la copine Shirley en dessous affriolants, le château de Versailles par temps gris, un sein délicatement devoilé, une nature morte, … oui, à vous de voir. Le plaisir y sera certainement et le résultat … aussi, bien évidemment 😉
Mon premier pack reçu, moi-même bloqué à la maison par un petit virus inaugurant le début de l'automne, ma maison n'étant pas Versailles et Shirley étant absente, ne voulant pas attendre j'ai improvisé …
Si j'étais artiste je pourrais vous parler de l'ironie végétalo-organique qui suinte de ce portrait … mais non, juste un besoin irrépressible de faire un premier cliché à partir de … n'importe quoi … pour obtenir … n'importe quoi si ce n'est un pola, juste pour voir combien le jaune est jaune et le noir noir …
… et pour suivre deux autres natures assez mortes (style « obsolescence programmée m'a tuer ») …
… et pour finir, en attendant plus et mieux, deux photos en extérieur … dr Voodoo (« Dormez ! Je le veux ») et Misty (?) …
{Polaroid SLR680 / Film TIP Yellow 600}
Plus et mieux (ça ça reste à voir 😉 ) à venir mais je resté attaché (scotché ?) au classique bordure blanche, film couleur ou noir et blanc … profitons cependant de cette opportunité pour explorer des terres inconnues (et revenir rassasié en terre connue).
Et déjà (voguant sur la vague du succès ?), Impossible annonce la sortie d'une édition limitée de duochrome Black and Green … perplexe, je suis.
Revenons aux fondamentaux 😉 … Analogue ou digital ?
La question est existentielle … et la réponse ? Laissons de côté le poids des mots et abandonnons nous au choc des photos (si choc il y a …) avec une sélection orientée … streetart en Belgique 😉
… un collage d'Ella et Pitr à Bruxelles …
… un graff de Nean du collectif Propaganza à Bruxelles …
… un détail d'une fresque signée Hell'O Monsters à Liege …
… et un ? J'ignore l'auteur (Kosmopolite Art Tour à Bruxelles) mais ce graff décoiffe ..
Au XVIIIe siècle, l’artiste italien Giovanni Battista Piranesi (1720-1778) représentait dans ses gravures un univers architectural assez tourmenté … des bâtiments lugubres, démesurés aux multiples niveaux s’articulant autour de ponts, de passerelles, d’escaliers multiples et enchevêtrés.
Ses prisons imaginaires ou Carceri évoqu(ai)ent un univers perturbé façon « Escher » mais sans trompe l’œil, sans perspective faussée bien qu’éclatée, avec un haut en … haut et un bas en … bas, et pourtant tout aussi troublant pour le spectateur.
Cette impression, ce ressenti, je le vis in real life lorsqu’il m’arrive de traverser le « sas » entre la station de métro et la gare Lille Europe. Jean Pattou y a créé une fresque gigantesque (2700 m², 18 m de haut) en trois panneaux bordant une sorte de puits de béton à l’éclairage un peu glauque traversé par des passerelles, des balcons, des escaliers mécaniques et … des voyageurs. Et même si le thème (des grandes capitales évoquées par leurs monuments représentatifs) est plus soft, l’ambiance est assez remarquable et donne l’impression de pénétrer et de se mouvoir dans un espace … piranésien.
Et polaroidement parlant, le noir et blanc lui va bien 🙂