J’aurais voulu écrire « sérénité birmane » … hélas … ce sont plutôt les cris de colère d’un peuple et la riposte implacable, aveugle et meurtrière d’une armée qui illustrent plutôt ce pays …
C’était en 2018. Quelques semaines au Myanmar et ces belles journées dans la plaine de Bagan parsemée de milliers de monuments, temples et stupas, en ruine ou restaurés … et ces couchers de soleil …
J’extrais de mes réserves quelques polas pas encore scannés … dans la fraîcheur des stupas la chimie des polas n’a pas trop souffert et la flashbar de Mint a assuré…
Étant donné (et reconnu) qu'on ne vit qu'une fois (chance ou pas ?), après moultes hésitations et, qu'après tout, même en l'absence d'un 29 février, mon anniversaire, on peut fêter ce grand jour un 28 février, j'ai craqué, cédé (la chair est faible même quand le portefeuille résiste) … survoler la plaine de Bagan en aérostat.
Au petit matin (en vacances, les matins sont parfois petits mais toujours souriants), un autocar brinquebalant et suranné vient me pêcher à l'hôtel. Après quelques autres pêches effectuées dans une semi-obscurité on arrive sur un terrain où gisent les toiles étendues de quelques ballons.
Suit un rapide briefing tenu par le pilote, un irlandais (ou un australien, ou un américain … ) typique, un peu fort en gueule et en plaisanteries, insistant sur la possibilité d'un atterrissage un peu chahuté et sur la nécessité de bien se positionner dans la nacelle au cas où …
Pendant ce temps les équipiers birmans bien rôdés ont commencé le gonflage des ballons, puis les brûleurs ont commencé à cracher, réchauffant l'air, déployant les toiles des ballons, avant l'embarquement.
La nacelle glisse, racle un peu le sol avant de se libérer de la pesanteur. Lentement le ballon s'élève dans le silence brisé par les crachements chauds et intermittents des brûleurs.
J'avoue … obscurité, magie du moment … j'oublierai plus d'une fois mes appareils photos …
Et c'est parti pour un survol de la plaine aux 2300 temples progressivement baignée par les lueurs du soleil qui se lève.
Dans l'air, d'autres ballons … au sol, un berger avec quelques bêtes, un vélo, le tintamarre (fameuse la sono) très matinal d'une fête de mariage … dans la nacelle, je rêve …
45 minutes plus tard, le ballon poussé par le vent et suivi au sol par les équipes de récupération se dirige vers le champs d'atterrissage … pour conclure le vol tout en souplesse.
Gâteaux, fruits, quelques bulles, quelques nouvelles plaisanteries du pilote et retour à l'hôtel vers 9h30 pour … le petit déjeuner.
Comment décrire la magie du lieu ? Une plaine, des stupas, dorés ou pas, en briques ou stucqués, petits et grands (plus de 2300), de la poussière sablonneuse soulevée par le vent et les véhicules, des chemins/routes qui se croisent, quelques arbres, des moines en tunique rouge-bordeaux et des bonzesses en rose, des gens qui marchent, mangent, rient, parlent, des carrioles à chevaux, des tuc-tuc qui vous hèlent …
Une couleur aussi, au coucher du soleil (et au lever … quand on est levé) … un orange-rouge-brique, qui se réfléchit sur les murs des stupas, qui fait étinceler les dômes couverts d'or, et puis qui disparaît, se désature progressivement … Et la ligne d'horizon où se découpent les dômes et, plus les loin, les collines …
On est loin, on est ailleurs … on déambule et on a chaud … les polas aussi, qui interprètent à leur façon, maladroitement, ces instants de bonheur …
Un mois qui débute en Birmanie avec un ciel toujours bleu et une température avoisinant les 37°C … alors qu’en Europe, c’est l’hiver … un vrai. Tellement vrai qu’on parle de vortex sibérien (j’en frissonne). Oui, assurément, une fois décrypté, on comprend mieux la surprise 😉 … de la neige en hiver !!!!
Et moi je transpire à Bagan … Plus de 2800 stupas regroupés sur les 50km² d’une plaine poussiéreuse, sablonneuse, encore (plus pour longtemps) délaissée par le tourisme de masse (ouf !).
La beauté du lieu me fait oublier (pas totalement) mes déboires polaroidesques … vouloir à tout prix shooter, alors qu’on sait que la merveilleuse chimie va rechigner. Il faut s’y faire … garder le SX70 au frais, sortir un film du frigo, et shooter dans l’heure du SX70 Color préférentiellement au Color600. Pour sûr, ça limite.
Et même, dans les conditions optimales, on peut tomber sur un film défectueux et se retrouver avec une delicieuse 😉 collection de failaroids inattendus, non désirés et pourtant charmants …
Et quand les conditions sont bien réunies … avec la bénédiction de Bouddha et de la FlashBar de Mint réunis, le SX70 se déchaîne …
Les jours passent avec le retour à Yangon …
… la pagode Sule …
Le 8 … Belgium we are back … 🙁
Avec un jetlag étonnamment discret nous reprenons nos habitudes … revoir les p’tiots … bonheur, évidemment. Et retourner à Nivezé, retrouver l’absence …
Le mois s’écoule calmement, hésitant entre le gris, la pluie et le gel …
Le 14, Saint-Gilles … moments volés (Lomo Instax Square) …
Le 16, Lomo m’envoie le dos Instax Mini pour le Lomo Instant Square … et où on se rend compte que le WYSIWYG (what you see is what you get) n’est plus d’actualité et particulièrement pour le Lomo (je parle du viseur qui vise … quoi ? comment ? où ?) …
Le 20, un franc rayon de soleil, quelques cristaux de glace qui résistent, entre le gel (oui, ça caille encore un peu) et le dégel, … jouer avec la double exposition du Lomo Instant Square … entre le ciel et les bombes (de peinture) …
… et toujours cette question lancinante 🙂 (je plaisante, évidemment) … Pola ou Fuji ?
Au delà des questions futiles la réalité s’impose brutalement à nous … après 4 longues années où petit à petit ton esprit emporté dans des tempêtes brèves et violentes se déconnectait du corps et du monde environnant … tu es partie … enfin !, devrais-je dire. Où es-tu ? J’espère que tu n’es pas trop déçue … il n’y a pas que la réalité qui peut être décevante.
The show must go on, en attendant notre tour … et avril, aussi …
Après la gare, descendons vers la rivière Yangon , dépassons la pagode Sule recouverte d'or (je suppose) et plongeons dans les vieux quartiers chinois …
Les trottoirs sont exigus, encombrés (échoppes, gros générateurs électriques because coupures d'électricité fréquentes, …), défoncés (gare aux trous, aux dalles qui basculent et aux égouts ouverts ici et là, et on ne s'étonne pas de croiser un rat apparemment surpris de nous voir).
Là aussi, le temps et les pluies de mousson ont donné un sacré coup de vieux aux maisons coloniales, pas encore ruines ni taudis mais pas loin …
La circulation (piétons, voitures et étonnamment, je pense au VietNam, pas de motos) y est dense on klaxonne quand on est une voiture et, comme piéton, on y va … et ça passe généralement (attention aux mauvaises bonnes idées, comme celle de confier sa sécurité aux passages pour piéton).
Très vite on abandonne (partiellement) politesse et courtoisie … si on veut progresser dans et avec la foule il faut rester dans sa bulle et y aller sans états d'âme …
Les taxis sont omniprésents, vous appellent d'un discret coup de klaxon … reste à leur expliquer votre destination. Abandonner l'accent d'Oxford (et alentour), wouler les ew, … et peut-être verrez-vous le chauffeur acquiescer et vous donner un prix que vous diviserez par deux avant de l'augmenter petit à petit … si le taxi ne s'est pas encore envolé. Après quelques échecs, on en vient à gérer les transactions à la satisfaction des deux parties. Attention, lorsque vient le moment du paiement évitez les billets légèrement déchirés … ils seront refusés obstinément par le chauffeur.
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