21 mai 2015 permalink
billet d’humeur (mode scrogneugneu) … Si, pour toi, le tag c’est … alors passe directement à la fin du billet et à mes beaux polas noir et blanc 😉
De retour d’Asie, je faisais quelques pas dans ma petite ville et je reconnais avoir été interpellé par la multitude de tags disgracieux quasiment omniprésents.
Ces « cris » pariétaux, ces revendications existentielles me laissent perplexe quant à leur valeur si ce n’est esthétique du moins artistique (et réciproquement). Une bombe dans une main, la capuche sur la tête, l’obscurité aidant et l’absence de maréchaussée aux environs ne font pas de vous artiste. Du moins, je le pense. Tout au plus, un vague relent anarchique pourrait excuser ce geste … à condition que le terme soit compris par les auteurs. Non, juste s’éclater, provoquer aussi, et … c’est tout. Quant au sentiment du citoyen qui au réveil contemple son mur, pense au coût du nettoyage, se sent agressé … peu leur chaut.
Selon moi, le tag est au streetart ce que le gros mot est à la littérature … un « pipi caca » pictural en quelque sorte. Je sais que pour certains, la liberté d’expression, la profondeur du cri, … c’est fort et ça ne doit pas être étouffé. De gustibus …
On fait quelques pas, on tourne la tête et le point de vue peut changer … Je pense à ces omniprésentes (elles aussi) publicités criardes, sans âme ni talent. Sont-elles justifiées ? Le fait de payer/louer un emplacement permet-il de lobotomiser le passant ?
Tag ou publicités ? Liberté/anarchie vs consumérisme/business …
Et le streetart dans tout ça ? Une ville, c’est aussi des murs décrépis, des palissades mornes, des pignons sans vie … des cimaises où pourraient s’exprimer tous ces artistes privés (ou pas) de galeries (aux fréquentations élitistes), un musée, des couleurs, la vie … qui iraient à la rencontre du citoyen lambda. On peut rêver … Rêve qui se réalise dans des villes de plus en plus nombreuses.
Et de façon plus terre à terre, une administration qui n’essaye pas de comprendre et qui traite le « problème » par décrets, interdictions et sanctions se trompe. Les artistes se terrent ou vont voir ailleurs, les vandales, eux, restent. Par contre en offrant/autorisant/libérant des espaces à la création picturales graffitis, fresques, collages, pochoirs, … elle renoue le dialogue, première étape dans la « lutte » contre le vandalisme stupide.
Oui, je le disais plus haut … on peut rêver. C’était juste une râlerie instantanée …
Et si on parlait polaroids et du plaisir de réutiliser le SLR680 avec les films BW600 2.0 de TIP ? Et, pourquoi pas, de streetart tournaisien, oui, quasiment un oxymore 😉
A l’occasion d’un événement comme le Tournai Skate and Rock 2015, difficile d’éviter les graffitis … Miss ChugALug by FarmProd … (sur un plastique recouvrant la pierre des pylônes … ouf … merci le cellograff). Vite (?) fait mais surtout vite enlevé.
Quelques spots rares et reculés existent (le mur dit de la maison hantée aurait pu/pourrait être un petit début d’ouverture), les artistes aussi (l’ESA Saint-Luc, l’académie des beaux-arts …) avec de temps en temps quelques découvertes (Espace vert rue Allard l’Olivier) …
9 avril 2015 permalink
Ça s'est passé le 8 avril 2015 …
Notre route quotidienne vers le métro MRT Somerset nous fait traverser le skate park. C'est ainsi que hier soir nous vîmes un graffeur au travail. Un graff disparaissait … pour le meilleur ou pour le pire. C'est selon et c'est la vrai vie éphémère du graffiti.
Donc, après l'incontournable kaya toast (sans œufs, svp) du petit dej, direction metro et c'est avec cette œuvre nouvelle que la journée commence … un avant-après …
Pour commencer, au programme … le quartier de Tiong Bahru, quelques boutiques galerie-art-livre un peu branchées … balade calme (et comme toujours propreté, verdure, … Des jardiniers s'affairent en de nombreux endroits pour extirper LA feuille qui dérange, pour tondre et retondre ce qui tient lieu de gazon dans ces contrées chaudes et sèches. Les bâtiments semblent souvent avoir été repeints la veille … sûrement de multiples petits boulots pour assurer un plein emploi …)
Arrêt nourriture … un food court comme il en existe partout au cœur de centres commerciaux. Des petites échoppes offrant une large palette de cuisines asiatiques … sorte de multi self service … reste plus qu'à s'installer et manger 😉 calme et silence non garantis !
… hainanese chicken rice, très apprécié ici (d'après la longueur de la queue devant l'échoppe) … pour la beauté du plateau. Moi, ce sera un smoothie banane et un … sandwich kaya (addiction naissante) …
Ensuite re-metro et Kampong Glam (metro Bugis … dans mon billet de hier je faisais une première incursion très superficielle dans ce quartier) … Au pied de la mosquée Sultan Masjid (voilée … oui, elle aussi, mais pour cause de rénovation), des petites ruelles avec échoppes branchées (mode, …), des bars, des restaus, … des façades riches en couleurs et décorées streetart. Incontournable …
… l'incroyable Park View, un building assez kitsch post-moderne …
Demain, dernier jour complet à Singapour. Que faire ? Entre ce que l’on n’a pas vu, ce qu’on aurait dû voir, les incontournables « culture » … va falloir trancher. Le téléphérique ou le jardin botanique … mmmmhhh …
25 octobre 2014 permalink
C'est une maison sans grand passé … bâtie vers 1930 (comme le montre, ou plutôt, ne le montre pas cette carte postale de +/- 1905 où la maison est … absente, au centre, devant l'arbre qui lui-même masque la cathédrale). Une vie de maison … habitée, incendiée, abandonnée … en ruine donc.
Mais voilà, sur la façade un petit diable, au sourire narquois, prenait plaisir à observer les passants qui en vinrent à ressentir cette présence inquiétante jusqu'à croire que le petit diable les suivait des yeux … L'endroit déserté devint un lieu prisé par les jeunes amateurs de sensations fortes qui ne manquèrent pas de l'utiliser pour certaines soirées bien arrosées. Pas vraiment messes noires mais guindailles gothiques …
La rumeur, particulièrement galopante dans les petites villes, fit le reste et la maison en ruine devint la maison hantée (un nom que n'apprécie pas le propriétaire des lieux) ou la maison du diable.
Pour lui redonner un brin de convivialité et tenter d'extirper cette noire réputation, le propriétaire, Charles-Antoine d'Heilly, a eut l'idée intéressante de confier le mur extérieur au groupe de jeunes « Les Jeunes donnent de la Voix » qui n'attendait que ça pour en faire un mur d'expression graphique à deux pas du centre ville (et non pas exilé sous des pylônes autoroutiers ou autres refuges du même type).
Je suppose qu'entre la bonne idée et la réalisation, les tractations avec les autorités et l'urbanisme ne furent pas des plus aisées. A Tournai, le graffiti reste avant tout un acte de vandalisme alors que, bien géré, à l'instar de nombreuses villes (Gand, Roeselare, Anvers, Vitry sur Seine, Paris 13, …), il rapproche la ville de ses citoyens, il peut être un atout touristique (parcours Streetart), il va même jusqu'à protéger les murs du vandalisme absurde et aveugle (un mur bien blanc attire alors qu'un graffiti est souvent respecté). On préfère une ruine en ruine 😉 qu'un mur coloré, vivant, qui attire les passants, les arrête, les intrigue, les fait discuter …
Que sera l'avenir ? Personnellement, j'espère que ce graffiti va disparaître non pas pour restituer un mur lépreux sans intérêt mais pour revivre sous d'autres formes. Un graffiti est éphémère, les artistes doivent se succéder, se confronter … et l'attrait pour le public n'en sera que plus grand.
Ce premier mur, a été confié à 5 artistes All'Dirty Yannick, Sekel, PetitB, Caroline Léger et Cyrille Nys … une fresque bien locale intégrant un bon nombre de petits (ou gros) détails tournaisiens .
Une occasion de sortir le polaroid 250 et un pack Fuji FP-3000 B (j'aime ce film mais je le répète il n'est guère convivial … le « pelage » ne doit pas trop attendre au risque d'avoir des traces collantes sur la photo et le « stockage » des films dégoulinants de produits chimiques légèrement corrosifs n'est pas des plus aisé) …
All'Dirty Yannick … work in progress …
Les passants ne font pas que passer … ils s'arrêtent 🙂
{Polaroid 250 / Film Fuji FP-3000B}
2 septembre 2014 permalink
Lorsque presque par hasard et en un lieu inattendu (c’était au Japon), j’ai découvert le street art (c’était un collage du duo Ella et Pitr), très vite, de retour en Belgique, ce furent les œuvres de Bonom qui attirèrent mon attention. Le bonhomme à moins que ce ne soit le Bonom, grimpait en des lieux improbables et y apportait son empreinte … je pense à l’araignée et à ce serpent à tête humaine du côté de la gare Bruxelles-Chapelle.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, Bonom a subi l’ire de la justice (paraît qu’il dégradait les lieux publics), s’est (un peu) rangé côté « vandalisme » et varappe urbains. Et puis, en 2013, après quelques temps de rémission une poussée irrépressible et ce furent, en reprenant les termes des journaux, les « Bonom érotiques » … une vieille dame peu habillée du côté de l’avenue Louise (à Bruxelles) et un vieux monsieur tout aussi nu mais néanmoins prude un peu plus loin (porte de Hal).
Certains ont crié leur réprobation (encore qu’en Belgique on ne crie jamais fort sachant que, suite à un compromis âprement discuté, tout et son contraire peuvent/doivent cohabiter). Heureusement le cri est parfois stérile et les pignons barbouillés par le bon Vincent, le sont restés … ce n’est plus seulement le mur nu qui fait face au nuage …
J’avais photographié en 2013 ces œuvres pour @necDOT, mon autre blog streetart 100%, et, en juin, la revue Graffiti Art me demande le droit de publier une photo (celle de la vieille dame) pour son dossier street art tour dans les villes européennes. J’acceptai tout heureux et … oui, tout le plaisir (et uniquement le plaisir) était pour moi et les économies pour eux (je crois savoir qu’ils avaient contacté d’autre(s) photographe(s) plus gourmand(s)). The deal … 😉
Tout ça pour introduire ces deux polas … (Oui, tout ça pour ça)
{Polarois SX70 Sonar AF / Film Impossible Project SX70 Color}